• Le collectage

    A la rencontre des anciens, pour garder la mémoire...

    « Sillons de terre, sillons de mer »

    On connaît l’association Passeurs d’histoires pour son festival du conte qui anime Baden, sa ville creuset, et une dizaine d’autres communes de l’agglo en été. Depuis de nombreux mois, elle mène un important travail de collecte sur les pratiques de vie sociale sur le littoral du Golfe du Morbihan. Ce travail se situe sur une période allant de la moitié du dix-neuvième siècle à la fin de la deuxième guerre mondiale

     

    Vivre en harmonie 

    Le témoignage des anciens, c’est souvent ce qui sert de terreau aux conteurs. Ceux de l’association Passeurs d’histoires étaient donc dans leur élément quand ils se sont lancés, en 2012, dans ce projet de collectage. En allant à la rencontre d’hommes et de femmes, âgés de 70 à 90 ans voir plus…, ils ont voulu remonter le temps jusqu’à toucher du doigt l’époque où tout un chacun vivait indissociablement de la terre et de la mer. On pouvait être paysan et pratiquer en même temps un peu de pêche ou d’ostréiculture. Des collectages ont été réalisés, au nombre d’une trentaine, au Bono, à Baden, Larmor-Baden et Séné, ils se poursuivront bientôt sur d’autres communes littorales. « Ce que nous apprennent ces témoignages, c’est que l’arrivée de la mécanisation dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale aura sonné le glas d’un mode de vie ou chacun vivait en harmonie avec les ressources de son milieu grâce notamment à l’entre-aide et l’échange de services » nous confie Patrick Le Peutrec, le président de Passeurs d’histoires. 

     

    Grattage de tuiles contre ramassage du goémon

    Ce projet nommé « Sillons de terre, sillons de mer » s’attache à recueillir les aspects de la vie courante ou s’entremêlent activités terrestres et maritimes, notamment celle de l’ostréiculture. Celle-ci s’avère progressivement grâce aux  débuts du captage des naissains, un moyen d’améliorer sensiblement les maigres revenus de la terre. « Pour beaucoup, l’activité ostréicole a représenté un complément d’argent », rapporte Patrick Le Peutrec. « On élevait des naissains, que l’on revendait à des courtiers ou au premières exploitations ostréicoles naissantes ». Ces sociétés reposaient sur un principe d’entre-aide forte, sans lequel bon nombre de travaux n’auraient pas pu être réalisés : le grattage et le chaulage des tuiles pour capter le naissain pouvaient « payer en retour » le ramassage du goémon pour amender les labours. Chaque fois qu’il y avait besoin d’un renfort de bras ou de matériel pour des travaux  harassants, on mobilisait le voisinage. 

     

    Des Cafés-mémoire

    Tous les témoignages donnent lieu à un enregistrement sonore, à une transcription littérale et à des séquences filmées. Ce matériau permettra à un collectif de conteurs de créer un spectacle pour la dix-huitième édition du festival « Passeurs d’Histoires (20/26 juillet 2014) et sera remis aux Archives Départementales au titre de la sauvegarde du patrimoine immatériel. 

    Dans le cadre de Déclic, le programme culturel de Vannes agglo, deux « cafés mémoire » seront organisés sur le thème « Sillons de Terre, Sillons de Mer ». Le premier se déroulera le 16 février 2014 à la médiathèque d’Arradon, le second le 25 avril à celle de Séné. Témoignages, projections de vidéos, contes et  intervention de spécialistes de l’histoire littorale et débat avec le public.

     

    …Et des interventions dans les écoles

     

    Le projet associe à ses travaux les écoles.  A  Larmor-Baden, Baden, Plougoumelen et Ploeren, plus de 250 élèves vont travailler cette année avec leurs enseignants et des intervenants de Passeurs d’histoires sur les témoignages recueillis. Ils auront accès à des documents sonores et des vidéos. Des rencontres avec les témoins sont également prévues. Cette démarche illustre la volonté de l’association de transmettre aux jeunes générations et de leur permettre de comprendre en quoi ces périodes ont façonné notre territoire